Sophie Boegner

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Sophie Boegner, née en 1952, est une membre de la famille Wendel, qui est à l'origine de l'affaire Wendel qui a conduit à la condamnation au pénal en 2022 de quatorze anciens cadres et dirigeants de Wendel, dont Jean-Bernard Lafonta et Ernest-Antoine Seillière.

Famille[modifier | modifier le code]

Elle est la fille de Jean-Marc Boegner, conseiller du général de Gaulle, ambassadeur de France, et de Odilie de Moustier, l'une des héritières de la fortune familiale des Wendel. Elle est la petite-fille du pasteur Marc Boegner[1], président de la Fédération protestante de France, membre de l'Académie française. Elle est la belle-sœur du sénateur et président du conseil régional de Bretagne Josselin de Rohan-Chabot. Elle est la cousine de Françoise de Panafieu[2].

Par sa mère, elle est aussi en parenté avec Ernest-Antoine Seillière[3], président jusqu'en 2008 de la holding familiale Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS) devenue Wendel-Participations (WP) et président jusqu'en 2013 de Wendel Investissement devenu Wendel. Elle est aussi en parenté avec Priscilla de Moustier (née Celier), présidente depuis 2018 du conseil d'administration de la holding Wendel Participations[4] et membre du conseil d'administration de Wendel.

Elle est mariée avec Pierre Levine, qui a dirigé un groupe de sociétés saoudiennes et a été chargé de cours en droit fiscal international à l'université Paris V[5]. Ils ont deux fils.

Études[modifier | modifier le code]

Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris[6] (1974), Sophie Boegner se spécialise dans l'aménagement du territoire et l'urbanisme. Licence d'urbanisme (université Paris-VIII, 1977, devenu Institut d'urbanisme de Paris) et diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) « Collectivités locales, équipements, travaux publics »[6] (université Paris-I, 1983).

Carrière[modifier | modifier le code]

Sophie Boegner intègre le ministère de l’Equipement, direction de l'aménagement foncier et de l’urbanisme (DAFU, 1974-1979) et, en qualité de commissaire du Gouvernement, participe à l’élaboration de la loi dite Galley portant réforme de la politique foncière du 31 décembre 1975[7] et de la loi portant réforme de l’urbanisme du 31 décembre 1976[8]. Puis elle rejoint l’agence d’urbanisme du Mantois (1979 à 1983). Simultanément, elle conduit une opération programmée d'amélioration de l’habitat (OPAH) à Chanteloup les Vignes.

Après avoir été (1983-1990) directrice du cabinet du maire du XVème arrondissement, René Galy Dejean, député de la 13ème circonscription de Paris, elle est nommée (1990-2001) directrice générale de la société d’économie mixte d'équipement et d’aménagement du 15e arrondissement (SEMEA XV)[9],[10], devenue SEMPARISEINE.

Elle est ensuite nommée (2002-2004) directrice de la fédération nationale des conseils d’ architecture, d’urbanisme et d’environnement (FNCAUE)[11].

Puis elle rejoint le ministère de la Défense, direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA) comme directrice de projets (2004 à 2013), où elle traite de la modernisation du parc des logements ainsi que de projets immobiliers tels que le transfert de l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA) à Palaiseau, la rénovation du Centre national des sports de la défense (CNSD), le regroupement des États-Majors et services centraux du ministère sur l’Hexagone Balard.

Rôle dans l'affaire Wendel[modifier | modifier le code]

En mars 2006, elle devient l'un des 18 membres du conseil d'administration de la Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS, devenu Wendel-Participations), une holding familiale qui contrôle Wendel[12],[13]. En 2008, elle dénonce une opération qu'elle considère comme une malversation de son cousin Ernest-Antoine Seillière et de Jean-Bernard Lafonta, qui a permis à ces derniers accompagnés de quelques cadres de l'entreprise de s'approprier pour 315 millions d’euros d’actions du groupe, soit 4,5% du capital, qu'ils avaient acheté 4,5 fois moins cher[14]. Elle les attaque en justice pour « abus de biens sociaux et recel »[15],[16] et prend comme avocat Patrick Maisonneuve.

Écœuré par cette attitude, Ernest-Antoine Seillière demande à Sophie Boegner de démissionner du conseil de SLPS. Devant son refus, il fait révoquer son mandat d'administrateur par une Assemblée générale du , avec une majorité de 82% des voix exprimées[1].

Malgré les efforts de Sophie Boegner[17], Ernest-Antoine Seillière obtient un non-lieu du juge Renaud Van Ruymbeke du pôle financier du TGI de Paris le 4 août 2011[18]. Non-lieu confirmé en appel en 2012[19] et en cassation en 2014[20].

En parallèle, Sophie Boegner sollicite en octobre 2010 l'appui de la député PS Aurélie Filippetti puis de Jérôme Cahuzac, qui est alors président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Celui-ci presse l'Etat de porter plainte pour fraude fiscale contre les dirigeants de Wendel[21]. En décembre 2010, le fisc notifie un redressement, qui porte sur une fraude de 240 millions d'euros, à l'égard des mêmes cadres supérieurs qui n'ont pas déclaré leurs plus-values, qu'ils avaient dissimulées par des montages astucieux[14]. La procédure judiciaire qui s'ensuit à partir de 2012 aboutit à des condamnations importantes de Jean-Bernard Lafonta et de Ernest-Antoine Seillière en avril 2022[22].

Mandats[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Documents d’urbanisme et permis de construire après le transfert de compétences, éditions du Moniteur (1re édition 1985 - 2e édition 1988).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Pascale Robert-Diard, « Sophie Boegner Maudite cousine », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. « La zizanie chez les Wendel ne fait que commencer », Capital,‎ (lire en ligne)
  3. Ernest-Antoine Seillière traite toujours Sophie Boegner de cousine, mais leur parenté est en réalité au 9e degré ! Leur ancêtre commun est François de Wendel (1778-1825)
    dont Charles de Wendel (1809-1870)
    dont Henri de Wendel (1844-1906)
    dont Maurice de Wendel (1879-1961)
    dont Renée (1907-2002) épouse du baron Jean Seillière
    dont Ernest-Antoine Seillière.
    et dont Victor-François de Wendel (1807-1850)
    dont Pauline de Wendel (1832-1916) épouse de Albert vicomte de Curel
    dont Octavie de Curel (1859-1912) épouse Edouard comte de Moustier
    dont Jean de Moustier (1884-1901)
    dont Odilie de Moustier épouse Jean-Marc Boegner
    dont Sophie de Moustier
    Sources : Jacques Marseille, Les Wendel 1704-2004, Paris, Perrin, 2004
  4. Wendel Participations détient 39 % du capital et 51 % des droits de vote de Wendel : « Priscilla de Moustier »
  5. Pierre Levine, La Lutte contre l'évasion fiscale de caractère international en l'absence et en présence de conventions internationales, Éditions Librairie générale de droit et de jurisprudence (LGDJ), (lire en ligne)
  6. a et b Guénaëlle le Solleu, « Sophie Boegner veut sauver la fortune des Wendel », La Tribune,‎ , p. 20
  7. « Loi n°75-1328 du 31 décembre 1975 portant réforme de la politique foncière »
  8. « Loi n°76-1285 du 31 décembre 1976 portant réforme de l'urbanisme »
  9. Nathalie Moutarde, « Paris, la ZAC des Amandiers va bientôt s’achever », Le Moniteur,‎ (lire en ligne)
  10. Jean-Claude Garcias, « Paris XXe rénovation douce d’un pan de faubourg », Le Moniteur,‎ (lire en ligne)
  11. Francis Le Dore, Georges Ribiere, et Jean-Claude Thoret, Mission d'expertise sur les conseils d’architecture, d’urbanisme et d'environnement, Ministère de l’équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, Ministère de l’écologie et du développement durable, Ministère de la culture et de la communication, (lire en ligne)
  12. Romain Gubert et Sophie Coignard, Ces chers cousins, les Wendel, pouvoirs et secrets, Editions Plon, (lire en ligne)
  13. Patrick Benquet et Marlène Benquet, Du Fer à la Finance : l’empire Wendel, Infrarouge, (lire en ligne)
  14. a et b Yann Philippin, « Affaire Wendel : le tricotage Seillière », sur Libération,
  15. Anne Drif, « La famille Wendel face à un choix historique », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  16. Guillemette Faure, « Enquête chez les Wendel, une famille en or” », Revue XXI, vol. N°6, no 3,‎ (ISSN 1777-375X)
  17. Yann Philippin, « Wendel: la cousine veut toujours la tête du baron », sur Libération (consulté le )
  18. « Affaire Wendel: non-lieu dans l'enquête sur la réorganisation du groupe », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  19. « Affaire Wendel : l'histoire fiscale sans fin », sur Les Echos, (consulté le )
  20. Irène Inchauspé, « Affaire Wendel : vers un soulagement judiciaire pour Ernest-Antoine Seillière », sur L'Opinion,
  21. Libie Cousteau et Benjamin Masse, « L'étau judiciaire se resserre sur le baron Seillière », L'Express,‎ (lire en ligne)
  22. « Procès Wendel: Ernest-Antoine Seillière condamné pour fraude fiscale », sur L'Express,
  23. « Belle prise pour Proxinvest », L’Express, no N°3152,‎
  24. Emlyon business school, institut de gouvernement des entreprises, cahier pour la réforme, 2015 : Le rôle et la responsabilité de l’actionnaire de long terme (personnalité consultée)